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Herborisations dans la vallée et la garenne de Basse, à l’est de Chinon

La vallée et la garenne de Basse étaient, du temps de Tourlet, renommées pour leur végétation. En 1810, le botaniste et médecin angevin Toussaint Bastard y avait récolté de nombreuses plantes rares. Dans les années 1860, Alexandre Boreau, directeur du Jardin botanique d’Angers, et l’abbé Coqueray, botaniste tourangeau, étaient rentrés d’une excursion en ces lieux « émerveillé de la riche moisson qu’ils y avaient faits ». Ils pensaient que cette localité serait toujours « précieuse pour les botanistes, car le sol n’est qu’un sable calcaire qui sera toujours rebelle à la culture ». Le jeune Tourlet y fera de multiples herborisations qu’il prolongera souvent un peu plus au nord dans le bois de Grammont, autre centre d’intérêt botanique (il fut le premier à y découvrir Ranunculus gramineus). De nos jours, l’urbanisation tend à envahir la vallée ; quant à la Garenne (à l’est de la vallée), elle est mise en partie en culture et ne ressemble guère au plateau couvert de landes qu’ont connu les botanistes du 19ème siècle.

Herborisation du 8 mai 1863

            Le 8 mai, je traversai de l’Est à l’Ouest la partie du bois de Grammont située au couchant de la ferme de Grammont. C’est dans cette partie du bois que se trouvent cantonnées les plantes les plus remarquables. J’y observai d’abord Anemone pulsatilla, Primula officinalis, Pimula grandiflora, Arabis gerardii, Hippocrepis comosa, Orobus tuberosus, Potentilla vaillantii, Viburnum lantana, Vicia sepium, Euphorbia amygdaloïdes, Pedicularis sylvatica, Aquilegia vulgaris, Helianthemum vulgare, Helianthemum pulverulentum, Euphorbia pilosa, Veronica prostrata, Globularia vulgaris, plusieurs Polygalées et quelques autres espèces que l’on rencontre çà et là ailleurs aux environs de Chinon. Mais une plante qui devait à jamais fixer dans ma mémoire le souvenir de cette petite excursion vint bientôt frapper mes regards. D’innombrables Ranunculus gramineus mêlés à quelques Carex nitida formaient un magnifique tapis près du sentier que je suivais. Un peu plus loin, je rencontrai Saxifraga granulata, assez rare aux environs de Chinon, puis de nombreuses Pulsatilles. Je pénétrai alors dans un fourré où je recueillis une plante dont la présence à Chinon est tout à fait extraordinaire, c’est le Biscutella laevigata découvert dans ce bois en 1854 [par Coqueray, en présence de Boreau]. Ma provision faite, je me dirigeai vers le midi. Cette partie du bois aux bords du sentier me fournit Lithospermum purpureo-coeruleum, Ophrys aranifera, Helianthemeum pulverulentum, Arabis gerardii, Veronica prostrata, et autres plantes observées dans d’autres partie du bois.
            La découverte de Ranunculus gramineus dans le bois de Grammont est d’autant plus curieuse que cette plante avait été indiquée aux environs de Chinon vers la fin du siècle dernier par Aubert du Petit-Thouars. Aucun botaniste ne l’ayant rencontrée depuis cette époque, on en avait conclu qu’elle n’existait probablement plus à l’endroit où du Petit-Thouars l’avait recueillie, ou bien qu’elle y avait été indiquée par erreur. Ma découverte du 8 mai, tout en confirmant l’existence de cette plante à Chinon, laisse encore dans le doute l’indication du Petit-Thouars. En effet, je suis convaincu que si réellement ce botaniste a recueilli à Chinon le Ranunculus gramineus, ce n’est point dans le bois de Grammont : parmi les plantes qu’il mentionne aux environs de Chinon, on ne voit point figurer un certain nombre d’espèces notables qui croissent dans la  même localité que cette Renonculacée et qu’il n’aurait pu manquer d’observer et de signaler en même temps.

Herborisation du 5 juin 1863

            Le 5 juin, en me dirigeant vers la vallée de Basse, je recueillis sur les murs qui bordent la route de Cravant : Festuca tenuiflora, - rigida, uniglumis, - pseudo-myuros ; Bromus maximus, - arvensis, - sterilis, - tectorum ; Linaria supina, Medicago minima, et sur les bords d’un fossé, Calamintha acinos (var. à fleurs d’un blanc légèrement rosé).Les bords du ruisseau de Basse offraient quelques sujets de Glyceria sp., Poa trivialis, Juncus bufonius, Stachys sylvatica, Valeriana officinalis, Medicago apiculata, Lathyrus pratensis, Astragalus glycyphyllos, Lepidium campestre.
Je quittai le ruisseau à l’endroit où les sables coquilliers se montrent sur le coteau de la rive gauche. Là, se trouvaient : Globularia vulgaris, Veronica prostrata fructifié, Aceras hircina, Aceras pyramidalis [Anacamptis pyramidalis], Ophrys aranifera, Galium nitidulum [G. pumilum], Diplotaxis muralis, Euphorbia gerardiana, Brachypodium pinnatum, Bromus erectus, Bromus  tectorum, Bromus maximus, Festuca pseudo-myuros, Linaria supina, Silene conica, Alsine setacea, Teucrium montanum, Orobanche teucrii, Linum tenuifolium, Koeleria gracilis, Thesium humifusum, Carex nitida, Sedum anopetalum non fleuri, Helianthemum procumbens, Helianthemem pulverulentum, et dans la lande voisine : Koeleria cristata, Anemone pulsatilla, Danthonia decumbens, Avena sulcata.
En suivant le bord du coteau, je recueillis dans les champs : Asperula arvensis, Falcaria rivini non fleuri, Aira caryophyllea, Aira multicaulis, Aira aggregata, Festuca sciuroïdes, Festuca pseudo-myuros. La vaste lande qui couvre le sommet du coteau me fournit d’innombrables Agrostis setacea et quelques sujets de Plantago coronopus, Trifolium striatum, Trifolium glomeratum, Spergularia rubra, Hypericum humifusum, Rosa agrestis.
            Une pelouse située à l’extrémité sud de ce coteau près la route de Cravant (coteau de Malveau (entre le moulin et la ferme de la Chaboissière, était couverte de Coronilla minima et de Thesium humifusum. L’Asplenium ruta-muraria y croit sur les rochers.
Les bois qui s’étendent au dessus de Givray, depuis la lande jusqu’aux champs de la vallée, offraient alors une belle végétation. On y voyait en abondance : Arabis gerardii, Anemone pulsatilla fructifié, Aceras pyramidalis, Orchis montana, Limodorum abortivum, Cephalanthera rubra, Silene nutans, Hypericum montanum non fleuri, Geranium sanguineum, Melampyrum cristatum, Hippocrepis comosa, Mellitis grandiflora.

Herborisation du 12 juin 1864

Sur les bords de la route de Chinon à Cravant (commune de Chinon) : Rosa stylosa, Melica magnolii, Tordylium maximum, Ononis natrix, Geum urbanum, Geranium minutiflorum, Festuca pseudo-myuros. Dans les champs : Bromus maximus, Specularia speculum, Odontites verna, Valerianella hamata et auricula, etc…
Sur le coteau de Malveau (entre le moulin à vent et la Chaboissière) : Diplotaxis muralis, Linaria supina, Medicago minima, Stachys recta et annua, Sedum anopetalum, Veronica prostrata (fructifié), Teucrium montanum et chamaedrys, Dianthus prolifer, Arabis gerardii, Hippocrepis comosa, Silene otites, Carex nitida (fructifié), Helianthemum vulgare, Helianthemum procumbens, Helianthemum pulverulentum, Helianthemum guttatum, Alyssum calycinum, Linum tenuifolium, Linum catharticum, Euphorbia gerardiana, Poterium stenolophum [Sanguisorba minor], Scleranthus annuus, Calamintha acinos, Salvia pratensis, Micropus erectus, Coronilla minima, Plantago coronopus, Trifolium striatum, Trifolium scabrum, Trifolium minus Smith [T. dubium], T. schreberi Jord. [T. campestre], Lathyrus sphaericus, Torilis nodosa, Papaver argemone, Filago montana [Logfia arvensis] et Filago spathulata [Filago pyramidalis], Ononis columnae, Bupleurum aristatum, Euphorbia exigua, Arenaria leptoclados, Koeleria gracilis, Brunella alba, Kentrophyllum lanatum, Tragopogon major, Ajuga chamaepitys, etc.Dans les champs voisins : Saponaria vaccaria.
Je gagnai la Vallée de Basse en traversant les bois qui couvrent la pente du coteau au dessus de Givray. Ces bois étaient ornés d’Hypericum humifusum, Linum tenuifolium, Avena sulcata, Briza media, Trifolium ochroleucum, Brunella alba, Melampyrum cristatum, Mellitis grandiflora (fructifié), Euphorbia amygdaloides, Geranium sanguineum, Phleum boehmeri, Aceras pyramidalis [Anacamptis pyramidalis], Ophrys apifera, Limodorum abortivum, Cephalanthera rubra, puis sur la lisière des bois : Coronilla varia, Galium sylvestre [G. pumilum] et nitidulum [forme de G. pumilum]. Dans les champs de la vallée de Basse : Neslia paniculata, Valerianella hamata, Medicago apiculata, etc…

Herborisation du 9 juillet  1864

Garenne de Basse : Ononis natrix, Euphorbia gerardiana, Silene nutans (fructifié), Phleum boehmeri, Koeleria gracilis, Teucrium montanum et chamaedrys, Helianthemum vulgare, - procumbens, - pulverulentum, des formes de l’Helianthemum vulgare à fleurs d’un jaune très pâle et d’autres à fleurs tout à fait blanches, Sedum anopetalum, Carex nitida, Silene otites, Echinopermum lappula, Anemone pulsatilla, Micropus erectus, Arabis gerardii, Aceras pyramidalis (fructifié), Orobanche minor (desséché) et hederae, Limodorum abortivum (fructifié), Andropogon ischaemum, Iris germanica (certainement planté, même depuis peu), Melampyrum cristatum, Iris foetidissima, Rubia peregrina, Lathyrus neglectus, Lithospermum officinale, Campanula glomerata, Asplenium adiantum-nigrum, - trichomanes, Polypodium vulgare, Inula conyza, Coronilla varia, Orobus niger, Geranium columbinum, Festuca ciliata (fructifié), Avena pubescens et flavescens (fructifié), etc.
Les champs situés au midi de la garenne de Basse étaient ornés de : Tragopogon major, Bromus maximus, Plantago arenaria, Diplotaxis muralis, Ajuga chamaepitys, Poa compressa, etc. Les champs situés de l’autre côté de ce bois, entre la garenne de Basse et les bois de Grammont présentaient çà et là : Saponaria vaccaria, Echinospermum lappula, Bupleurum rotundifolium, Diplotaxis muralis, Linaria supina, Valerianella hamata, etc, et au bord des chemins : Conium maculatum, Leonurus cardiaca, Carduus tenuiflorus, Tordylium maximum, Malva sylvestris (flore alba).
Un escarpement stérile situé sur la lisière du bois de Grammont était couvert d’innombrables Silene otites, Alsine setacea, Sedum anopetalum. Plus loin, dans les fonds de Basse, se trouvaient, sur la commune de Chinon : Eupatorium cannabinum, Epilobium hirsutum, etc. Sur la commune de Cravant : Malva moschata, Spiraea ulmaria, Epilobium hirsutum. Sur celle de St-Benoît : Thlaspi arvense, Hyoscyamus niger, Malva moschata, Cynoglossum officinale, etc. Près de là, un pré marécageux situé à droite du chemin allant à la ferme de la Gouaillerie était orné d’innombrables Ranunculus flammula, Carum verticillatum, Lotus uliginosus, Juncus conglomeratus, Juncus obtusiflorus et acutiflorus, Cirsium anglicum, Epipactis palustris, Orchis conopsea, - incarnata, - traunsteineri. Achillea ptarmica, Cirsium palustre, Lythrum salicaria, Spiraea ulmaria, Lathyrus pratensis, Epilobium intermedium Melat, Chlora perfoliata, Calamagrostis epigeios, Festuca coerulea, Samolus valerandi, Ranunculus flammula, Equisetum palustre, et sur le bord des bois voisins : Lobelia urens, Laserpitium asperum, Hypericum montanum, Peucedanum gallicum, Orobus niger, Convallaria maialis, etc.
Mais la main de l’Homme a déjà modifié la végétation primitive de cette belle localité. Des tranchées ont été pratiquées en plusieurs endroits et des parties d’un pré jadis marécageux sont déjà desséchées. Aussi y voit-on, au milieu des plantes mentionnées plus haut, Erigeron canadense, Echinospermum lappula, Carduus tenuiflorus, Linaria striata, etc… Il est probable que, dans quelques années, la physionomie de ces lieux aura bien changé. On n’y retrouvera plus le Carum verticillatum, ni le Juncus obtusiflorus, ni le Samolus valerandi, ni cette belle série d’Orchidées qui aujourd’hui font la parure de ces prés. Ils seront transformés en culture et auront subi le triste sort de ceux où Bastard dit avoir recueilli vers 1810 l’Orchis odoratissima.
C’est en me livrant à ces tristes réflexions que je gagnai les bois situés de l’autre côté du chemin entre Grammont et la Gouaillerie (toujours commune de St Benoit). J’y recueillis le Silene nutans (alors fructifié), l’Hypericum montanum, le Dianthus carthusianorum, le Trifolium ochroleucum, le Geranium sanguineum, l’Orobus niger (fructifié) ; puis sur une pelouse découverte : Teucrium montanum, chamaedrys, Helianthemum vulgare, H.  procumbens, Hippocreopis comosa, etc. Sur les bords d’une mare alors asséchée se trouvaient : Calamagrostis epigeios, Vitis vinifera, Eleocharis…, et plus loin : Inula salicina, Leontodon hispidus, Arabis gerardii, Sorbus domestica, Danthonia decumbens, Simethis bicolor (fructifié), Agrostis setacea, et Avena sulcata (égalementfructifiés).Dans une partie plus humide, non loin de la ferme de Grammont se trouvaient : Lobelia urens, Cirsium anglicum, Erica tetralix, Carum verticillatum, Scorzonera plantaginacea, Juncus acutifolius, Serratula tinctoria, Festuca uniglumis, Lotus uliginosus, Lonicera periclymenum, etc.

 

    



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